QUERCY & Associés

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Vente de Masques Chirurgicaux : Enfin ! Mais (trop) tard...

En réponse aux multiples actions de communication des acteurs de la grande distribution qui ont obtenu bien avant les Pharmacies l’autorisation de vendre des masques chirurgicaux et ont affiché dès hier leurs impressionnants stocks, les Syndicats et l’Ordre des Pharmaciens ont enfin donné l’autorisation en fin de journée Jeudi 29 Avril de re-vendre des masques chirurgicaux en Pharmacie.

Questions en suspens…

On ne peut que se réjouir de l’autorisation d’enfin re-vendre un produit qui a toujours été distribué en Officine, l’un des commerces de proximité le plus proche des Français et surtout celui à même de conseiller et distribuer des produits médicaux !

Si les masques chirurgicaux ont fait l’objet d’une réquisition et d’un contrôle des ventes en Pharmacie sous peine de lourdes sanctions, décisions sanitaires qui ont conduit les Pharmaciens à ne pas répondre à des demandes continues et souvent apeurées voire agressives de leurs patients, ce ne pouvait être qu’au nom d’une pénurie insurmontable et de l’impossibilité étatique de fournir les professionnels de santé en pleine crise sanitaire.

Comment expliquer alors les centaines de millions de masques qui seraient disponibles dès Lundi en grande surface ? Leur fabrication aura été bien rapide ou leur stockage très anticipé… ou alors il s’agit d’un effet d’annonce pour booster les réservations et l’approvisionnement étalé dans le temps ? surtout quand ils sont réservés aux porteurs de carte de fidélité…

La participation à l’effort sanitaire aurait-il été supporté uniquement par les Officines, TPE ou petite PME alors même qu’elles perdent en moyenne plus de 25% de leur CA depuis le confinement ?

Comment expliquer aussi que les enseignes alimentaires puissent les vendre “à ces prix coûtants”? A grand renfort de communication, les enseignes de la grande distribution annoncent des prix de vente TTC qui sont aujourd’hui inférieurs aux prix d’achat HT accessibles en urgence à de nombreux Pharmaciens ! Faute d’avoir anticipé ce lobbying écrasant (et pour une fois uni) de la grande distribution, il faudra donc encore une fois défendre au comptoir des prix de vente plus élevés qu’au “supermarché d’à côté’ alors même que les Pharmaciens pourraient faire le même effort de vente sans marge. Et il s’agira véritablement d’un effort tant les dernières semaines ont déstructuré les mix produits et les constitutions de marges. Les prix en Pharmacie ne se sont pas envolés, les lois du marché de l’offre et de la demande de la farine n’ayant pas passé les protections éthiques des Officines…

A voir si les grandes surfaces maintiendront leurs efforts de vente à prix coûtants, même quand l‘effet de bulle spéculative sur les masques aura disparu dans les semaines à venir…

Il est fort à parier que les échanges au comptoir risquent d’être compliqués et que l’image du Pharmacien en pâtira malgré son implication sans discontinuer pendant la crise.

Stock, prix de vente… la décision prise en urgence de permettre aux Pharmaciens de re-vendre des masques n’est-elle pas au final qu’une tentative (tardive) de réparer de très nombreuses erreurs sur la gestion des masques et, ce, au détriment de professionnels libéraux épuisés, peu reconnus et sacrifiés ?